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Rencontre avec Paul Watson, l’activiste écolo recherché par Interpol

Le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, premier réfugié politique écologiste en France, s’est entretenu avec nous des dernières actions de son mouvement, et de sa vision de l’écologie.

 

Avec l’ONG Sea Shepherd, qu’il a fondée en 1977 après avoir été expulsé de Greenpeace, Paul Watson a coulé la moitié de la flotte baleinière islandaise (en 1986), défié les chasseurs de phoques au large des côtes du Labrador, traqué et éperonné les baleiniers japonais dans le sanctuaire antarctique… En 2012, le Japon l’a accusé d’“écoterrorisme”, et a demandé à Interpol de le classer sur sa liste rouge.

Loin des représentations peu amènes qui circulent à son sujet, c’est un marin de 64 ans au visage humain qui nous reçoit dans un café de l’île Saint-Louis, à Paris. Premier réfugié politique écologiste en France, le capitaine Paul Watson, vêtu d’un t-shirt noir orné du logo – volontairement inspiré de la piraterie – de Sea Shepherd, s’est entretenu avec les Inrocks des dernières actions de son mouvement, et de sa vision de l’écologie.

Vous dénoncez depuis 1983 les massacres de dauphins (“grind”) aux îles Féroé. Cette année les Féringiens en ont déjà tué 400, et douze militants de Sea Shepherd ont été arrêtés pour s’être interposés. Pourquoi l’interdiction de cette pratique est-elle si difficile à obtenir ?

Paul Watson – Cela prend toujours du temps, quelle que soit la chasse dont il s’agit. Notre opposition à la chasse des bébés phoques sur la côte Est du Canada a commencé en 1975, et ce n’est que trente ans plus tard que le Parlement européen a interdit le commerce et l’importation de peaux et d’autres produits dérivés du phoque dans l’Union européenne.

En ce moment la pression que nous exerçons contre le grind s’accentue. C’est une pratique illégale, et à ce titre nous avons lancé une pétition pour que la France dépose plainte auprès de la Cour de justice internationale de La Haye contre le Danemark. Il est anormal que les Féringiens bénéficient des avantages que procure l’appartenance à l’Union européenne, s’ils ne sont pas obligés d’en respecter les lois, ce qui est le cas actuellement.

Les îles Féroé ont l’un des plus hauts niveaux de revenu par habitant en Europe, elles pratiquent la pêche industrielle, et ont une industrie du saumon très développée. Les Féringiens n’ont aucun besoin de tuer des centaines de dauphins chaque année. Pourquoi l’UE devrait-elle subvenir un pays qui viole ses lois ?

Paradoxalement, ne craignez-vous pas que les Féringiens réagissent à votre présence sur place en tuant encore plus de dauphins, par mépris pour cette intervention extérieure ?

Vous avez le choix : soit vous intervenez, soit vous n’intervenez pas. En 2012, grâce à notre présence sur place, ils n’ont tué que 33 dauphins. Nous avons tenté de dialoguer avec les Féringiens dans les années 1980, mais ils sont indifférents. Désormais nous ne ciblons plus que le Danemark. Si ce pays cesse de soutenir le grind, en l’interdisant à ceux qui ont un passeport danois (85% des Féringiens), alors cette pratique disparaîtra.

Pourquoi cette année les chasseurs féringiens ont-ils réussi à tuer 400 dauphins, en dépit de la présence de Sea Shepherd ?

Ils y sont parvenus parce qu’ils ont eu le soutien de l’armée danoise. Le Danemark a mobilisé ses muscles pour assurer le bon déroulement du grind. S’ils n’avaient pas été là, nous aurions pu les stopper.

Un “grind” près de Torshavn, aux îles Féroé, en novembre 2011 (Andrija Ilic/Reuters)

Vous définissez Sea Shepherd comme une organisation dont l’objectif est d’agir, pas de protester. Qu’entendez-vous par là ?

Tout d’abord nous ne sommes pas une organisation mais un mouvement. Sea Shepherd est composé de 45 branches nationales indépendantes. Je ne donne aucune instruction. Elles sont toutes liées par des intérêts communs, un monde commun.

Cette nuance est importante, car on peut arrêter une organisation en la décapitant, pas un mouvement. En m’arrêtant et en m’empêchant de voyager, le Japon n’a fait que rendre Sea Shepherd plus fort.

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