Le Téléthon 2015 débutera ce soir, vendredi 4 décembre. Cette grande messe de la générosité, qui rassemble tous les ans des millions de téléspectateurs, a déjà fait polémique quant à la gestion des sommes récoltées ou même en raison de l’utilisation médiatique d’enfants gravement malades.
Mais le Téléthon a une autre face cachée qui risque de bouleverser tous les amis des animaux : l’expérimentation sur des chiens cobayes.
Chaque année, à l’issu du marathon télévisuel, les dons atteignent près de 100 millions d’euros. Personne ne sait combien d’animaux sont directement concernés par les programmes de recherche que finance l’AFM Téléthon, l’association qui gère les fonds récoltés.
On peut simplement rappeler que sur les 2 millions d’animaux utilisés chaque année en France dans les laboratoires, 3000 sont des chiens. Des Beagles surtout, mais aussi des Briards et des Goldens Retrievers.
L’AFM Téléthon a reconnu officiellement le financement de l’expérimentation animale
Le Téléthon n’a d’ailleurs jamais contesté que les dons récoltés finançaient directement l’utilisation d’animaux, sans préciser, bien sûr, qu’il s’agit pour partie de chiens. Sur son site, l’AFM Téléthon explique :
Ces expérimentations scientifiques, qu’elles interviennent dans le domaine médical, biomédical et pharmaceutique, reposent aujourd’hui sur des modèles dits alternatifs (in vitro, in silico), mais aussi sur le modèle animal.
Pourquoi utiliser des chiens ?
L’utilisation de chiens peut en effet surprendre. François Lachapelle, le président du Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche (Gircor) a expliqué la raison au JDD :
D’abord, parce que nous partageons avec lui une plus grande proximité génétique. Mais aussi parce que sa taille et son poids sont proches de ceux d’un enfant, sa fréquence cardiaque voisine de la nôtre. Et parce qu’on peut mener sur lui des études de long terme… La souris, elle, ne vit pas plus de 2 ans.
Source : @Forcechangecom
Les Beagles du Téléthon, ces victimes invisibles
Les programmes du Téléthon financent notamment la recherche sur la myopathie. Les Beagles sont les chiens privilégiés dans ce type de travaux.
André Ménache, Directeur d’Antidote Europe, une association qui lutte contre l’expérimenation animale, explique pourquoi ces chiens sont utilisés en priorité :
Les beagles sont une race ni trop grande, ni trop petite, et qui viendra vous lécher la main quoi que vous fassiez. La majorité des beagles sert à tester des médicaments. On leur en fait avaler deux ou trois fois par jour, en leur mettant une sonde dans l’estomac, sans analgésique, ni anesthésie.
Source : @ParisMatch
Audrey Jougla, auteure du livre « Profession : animal de laboratoire« , a visité un laboratoire où étaient conduites des recherches sur la myopathie de Duchenne financées par l’AFM Téléthon. Elle raconte son enquête passionnante au site Rue89 :
Montrer comment s’effectue la recherche irait à l’encontre même des objectifs du Téléthon et surtout de sa méthode : l’impact émotionnel. Les chiens ne peuvent plus s’alimenter, et vivent donc avec une sonde pour être nourris, ils ont des difficultés respiratoires et motrices très lourdes.
Certains chiots ressemblent déjà à des robots et ne font quelques pas qu’au prix d’un essoufflement accablant. Cette réalité occultée par l’AFM Téléthon, dont les affiches sont présentes dans les couloirs du chenil, est très dure à supporter.
Source : @rue89
Programmés pour naître myopathes
Si certains chiens subissent des expérimentations, d’autres servent simplement de témoins : les scientifiques leur inoculent la maladie et la regardent se développer. Audrey Jougla continue :
Cette souffrance créée et non soulagée fait partie des aspects dénoncés par les associations de protection animale, qui soulignent l’inutilité de ces protocoles pour une maladie dont l’évolution sans traitement est bien connue.
Source : @Perseides
Des méthodes alternatives existent
Il faut être insensible pour ne pas trouver ces expériences choquantes et révoltantes. Et même si les défenseurs de l’expérimentation animale clament que ces expériences ont permis des progrès de la médecine – ce qui est indéniable – de plus en plus de chercheurs joignent leurs voix à celles des associations de défenses des animaux pour mettre en cause la pertinence scientifique de ces méthodes.
L’association Antidote Europe, qui rassemble des chercheurs éminents opposés à l’expérimentation animale pour des raisons strictement scientifiques, explique ainsi sur son site :
Il est très important que le public apprenne qu’il n’y a pas consensus au sein de la communauté scientifique et médicale. Beaucoup de questions (dont la pertinence du « modèle animal ») font débat. C’est important parce que plusieurs réglementations dont notre santé dépend se fondent sur l’hypothèse que le « modèle animal » serait pertinent pour prévoir les réactions physiologiques humaines.
Le Téléthon a sans doute permis d’importants progrès de la recherche et une meilleure compréhension de nombreuses maladies graves. Et loin de nous l’idée de diaboliser cette initiative.
Il nous semblait cependant important d’informer le plus grand nombre sur la réalité de ces expériences qui nous semblent, sinon choquantes, pour le moins très discutables.