L’enquête sur l’accident de chasse mortel qui a coûté la vie à un randonneur samedi matin, à Quintal, se poursuit. La garde à vue du chasseur de 20 ans, auteur du tir mortel, a été prolongée hier. Le jeune homme a été longuement entendu par les enquêteurs, ainsi que la dizaine d’autres chasseurs qui participaient à la battue au sanglier.
Pour l’heure, l’enquête s’oriente vers la thèse accidentelle. Le tireur aurait ouvert le feu en direction de ce qu’il pensait être un sanglier, touchant mortellement un randonneur de 43 ans, Gaël Lavy, qui remontait en courant un sentier, à plusieurs dizaines de mètres en contrebas. L’homme de 43 ans, père de deux enfants et habitant Viuz-la-Chiésaz, touché en pleine tête, décédait sur le coup sous les yeux de son épouse qui l’accompagnait. Sportif accompli, le quadragénaire était un adepte de ski alpinisme et de courses en montagne.
Le jeune chasseur, inconnu de la justice jusqu’à ce week-end, devrait être présenté au parquet d’Annecy ce lundi, en vue de l’ouverture d’une information judiciaire, a priori pour homicide involontaire. L’enquête devra notamment déterminer si l’accident est dû à des manquements, délibérés ou non, aux règles de sécurité.
« Il faut trouver des solutions, peut-être limiter la chasse le week-end »
Ce dramatique accident de chasse dans le Semnoz a fait remonter de mauvais souvenirs à Annecy. « L’accident s’est produit à 20 mètres à peine de l’endroit où j’ai perdu mon ami, le 4 décembre 1977, raconte François Poulet. Lorsque j’ai vu l’article, ça m’a replongé dans ces moments terribles et j’ai eu envie de rendre hommage à mon ami. Nous participions à une battue au sanglier. Nous menions les chiens. C’était un dimanche, vers 9h15 du matin. Mon ami, François Coster, marchait à côté de moi. Il a soulevé une branche de sapin et un chasseur assis à côté a eu peur. Il s’est retourné et a tiré sans regarder. François a pris la balle en pleine tête. Il est mort à l’hôpital. Je n’ai plus pu chasser après ça. Avant, il n’y avait pas autant de monde dans le Semnoz. Aujourd’hui, tous les sentiers sont pratiqués. Même si j’aime la chasse, je pense qu’il faudrait trouver une solution pour que ces drames ne se reproduisent plus. Peut-être limiter la chasse le week-end. J’ai vu mon ami mourir. Il était marié, père d’une petite fille. Je pense à elles et à cette femme qui vient de vivre ce drame, à ses enfants. C’est terrible. Aujourd’hui encore, j’en parle avec la voix émue. On ne s’en remet jamais… »