Monter un chapiteau de cirque dans une commune française devient un numéro héroïque pour les patrons de petits cirques familiaux comme Achille-Zavatta, obligés de se regrouper en association avec charte de bonne conduite à la clé, pour rassurer et séduire des élus de plus en plus frileux ou hostiles.
Des notes cuivrées de musique entraînante s’échappent du mégaphone d’une camionnette, haute en couleur, avec la bouille joviale d’Achille Zavatta, grand monsieur du cirque qui a fait rire des millions d’enfants. Au micro, Teddy Dubois, septième génération de circassiens français à prendre la route pour voir, lui aussi, briller le regard des enfants sous son chapiteau, annonce « du grand spectacle ». Ravi d’avoir trouvé un terrain à l’aérodrome de Bondues, avant Saint-André : « Depuis dix ans, soupire-t-il, on a des problèmes pour avoir des emplacements. Les mairies n’en ont plus ou n’ont plus d’espaces adaptés. Maintenant, elles aménagent leurs places avec des bancs, des poteaux. » Les mairies reprocheraient aussi aux cirques des dégradations. Résultat : beaucoup mettent un veto.
Alors, 200 des 350 petits cirques familiaux français, conscients que l’union fait la force, se sont regroupés dernièrement en association. Ils ont bloqué le 24 mars le périphérique parisien et ont rencontré la ministre de la Culture : « Les communes entravent la liberté de travailler. Chaque année, 12 à 15 cirques disparaissent ! », s’insurge Teddy Dubois qui, avec les autres membres de l’association, a cosigné une charte de bonne conduite, à même de rassurer les maires. Les cirques promettent le respect des engagements, du bien-être animal et le versement d’une caution à l’arrivée. C’est une question de survie. « Pour montrer qu’on n’est pas des bandits mais des forçats du travail. Le cirque, c’est une culture. On n’est pas en manque de public mais de soutien des villes ! Nous, on subit des contrôles, on paye des assurances, on fait travailler d’autres personnes lorsqu’on s’installe quelque part, imprimeurs, fermes, organismes de sécurité, commerçants locaux... » Teddy Dubois poursuit avec amertume : « On est des vaches à lait, on ne fait que payer et on nous empêche de gagner notre vie ! »
Avant, mais ça c’était avant, l’accord pour un emplacement était simple et rapide. Aujourd’hui, c’est devenu compliqué et rare : « On allait voir le maire et on avait l’accord. Aujourd’hui, les secrétaires ont la consigne de dire que le maire ne reçoit pas les gens du cirque, extérieurs à la commune. C’est n’importe quoi ! Maintenant, on est obligés de rester plus longtemps quelque part, faute de villes. » Il reconnait être obligé aussi « de faire du forcing », l’installation sauvage dans des villes récalcitrantes, au risque de se retrouver au tribunal. « Le cirque n’est pas une bête noire, c'est la vie, les étoiles, les paillettes. On veut bien respecter les engagements d’une ville si elle nous en donne les moyens. Sinon, comme les petits Roumains, vous verrez bientôt un jongleur, un clown faire la manche au feu rouge ! »
Nouveau spectacle 2016, avec artistes tchèques, hongrois, la cavalerie de frisons de Hollande, Roxana à la corde aérienne, du houla hoop, les jongleries de Teddy Jaxon, du Rolla Rolla, des animaux exotiques (lama, chameau, highland, zébu indien), des clowns, de l’illusion avec les sœurs Moreno, du trapèze, les petits clowns, Chadd et Lenz, 7 et 13 ans...
Vendredi 19 h, samedi 16 h et dimanche 15 h, à l’aérodrome, Bondues. Place enfant offerte à la caisse sur présentation de la Voix du Nord. 5/10 €.