«La France est en infraction avec la convention de Berne et la directive Habitat » : pour les associations du collectif Cap Loup, qui agissent en faveur de la protection du canidé, il n’y a pas de doute. Dans un communiqué, elles affirment leur volonté de porter plainte contre la France auprès de la Commission européenne. « Nous avons déjà saisi précédemment la Commission européenne, sans que cela n’aboutisse, précise Madline Reynaud, directrice de l’association pour la protection des animaux sauvages. Là, on va lancer une nouvelle plainte, qui sera déposée en fin de semaine ou la semaine prochaine. Cela va prendre du temps, mais on va dénoncer les mesures prises contre le loup. C’est plus un plan de chasse organisé qu’un outil de régulation. »
Dans le viseur des pro-loup, deux arrêtés ministériels, datés du 30 juin. Ils permettent, pour la période 2015-2016, le prélèvement d’un maximum de 36 individus, contre 24 l’année précédente. Surtout, ils facilitent les conditions d’abattages de l’animal, « strictement protégé » par la convention de Berne et la directive Habitat, deux textes signés par la France.
Pour Patrick Boffy, de l’association Férus, ce qui est également inquiétant, c’est « le nombre impressionnant d’arrêtés préfectoraux » pris en l’espace de seulement deux mois : dans la Drôme, dans le Var, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes et les Hautes-Alpes, neuf arrêtés au total permettent de tuer 31 loups. « Sur certains secteurs, les arrêtés indiquent qu’on peut prélever quatre ou cinq loups. Quand on sait qu’une meute, c’est entre quatre et sept individus, ça veut dire qu’on éradique une meute entière… », ajoute-t-il.
Population en diminution
« On a l’impression que le discours du gouvernement, actuellement, c’est “il faut tirer le loup”, et non plus la cohabitation entre cette espèce protégée et l’élevage. À la base, les tirs de prélèvement, c’est pour de la régulation. Pour stopper la prédation. Or l’an dernier, on n’a jamais eu autant d’attaques de troupeaux, alors que dans le même temps, on n’avait jamais tué autant de loups », poursuit Patrick Boffy.
En un an, la population de loups en France a diminué. Le bulletin d’information de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, publié en juillet, comptabilise 282 loups sur la période hivernale 2014-2015, contre plus de 300, l’année d’avant. Les textes permettent ainsi de tuer plus de 10 % de la population des loups français.