Noms d’emprunt
« Le cirque Zavatta dans votre ville ! » peut-on souvent lire dans les quotidiens régionaux. Le problème, c’est que les cirques utilisant le nom de Zavatta ne sont pas des « Zavatta ». Hormis dans le cas du cirque Lydia Zavatta, ce ne sont que des noms d’emprunt (avec ou sans autorisation d’ailleurs) pris par des enseignes dirigées par d’autres familles. Ainsi le cirque Céline Zavatta est-il dirigé par la famille Caplot, Luigi Zavatta par Dassonneville et Claudio Zavatta par les frères Prein. Parfois, le nom a été acheté légalement en Italie, auprès d’un homonyme sans lien avec le célèbre clown. Au final, les spectateurs n’y voient que du feu.
Et les exemples similaires ne manquent pas. Suite à des rachats et à des passations, le cirque Amar est en fait dirigé par la famille Falck, qui gère aussi le cirque La Piste aux étoiles, du nom de l’émission de télévision. Le cirque Roncalli n’a rien à voir avec le célèbre établissement allemand du même nom, fondé en 1976, puisque c’est un petit cirque dirigé par la famille Caplot, alors que le cirque Roger Lanzac, du nom de l’animateur de La Piste aux étoiles, est dirigé par la famille Mordon.
Le Cirque sur l’eau, le cirque de Saint-Pétersbourg, le cirque de Noël et le cirque Médrano ne sont en fait qu’une même entité dirigée par Raoul Gibault, d’Arena Production. Le problème posé par des dénominations telles que « cirque de Saint-Pétersbourg » est que le public pense voir une troupe russe, alors qu’en avril dernier par exemple, dans ce cirque français, se produisaient un dompteur colombien (Carlos Savadra) et une dompteuse française (Sandrine Lebris). Une forme de malhonnêteté vis-à-vis des spectateurs.
Changements de nom
Pour compliquer le tout, non seulement des cirques utilisent des noms d’emprunt, mais ils peuvent aussi en changer d’une saison à l’autre. Ainsi, l’actuel cirque La Piste aux étoiles de la famille Falck se produisait auparavant sous l’appellation « Achille Zavatta fils » et, plus tôt encore, « Christiane Grüss ». Le cirque Maximum est devenu « Cirque franco-belge », le cirque Stéphane Zavatta, « Cirque Maximum » ou encore le cirque Zavatta de Sébastien Goujeon, « Cirque de Madrid ». Et la liste est aussi longue que complexe. Cette valse des enseignes n’est pas forcément illégale mais elle participe à l’opacité de ce secteur.
Le jeu des capacitaires
Une autre pratique courante dans les cirques avec animaux est de désigner le même capacitaire (celui qui est reconnu comme sachant s’occuper d’un lion, d’un ours, d’un éléphant, etc.) dans plusieurs enseignes à la fois. En toute illégalité puisque les textes prévoient qu’il y ait bien un capacitaire par cirque, qui doit y être physiquement présent, faut-il le préciser. Mais, bien souvent, lors des contrôles, le capacitaire est absent, il est chez le dentiste, au mariage d’un beau-frère ou en visite à l’hôpital. Et pas question de déclarer officiellement aux inspecteurs qu’il n’est pas résident du cirque...
Dans les failles de la tolérance
Un autre problème réside dans la tolérance dont fait preuve l’administration en régularisant des situations illégales. Certains cirques en jouent. Ainsi, après avoir déposé un dossier auprès d’une direction départementale des services vétérinaires pour obtenir un certificat de capacité à détenir un animal sauvage, le responsable d’un cirque va laisser traîner la situation, par exemple en ne répondant pas aux relances ou aux demandes de documents de l’administration. Une fois, le dossier clôturé par cette dernière, faute de finalisation, le responsable du cirque va faire la demande dans un autre département ou bien un autre membre de la famille prendra la relève. Lors d’un contrôle, la tolérance étant de mise puisque le dossier est en cours, le cirque n’est pas inquiété. C’est un peu comme si vous conduisiez une voiture tout en demandant votre permis de conduire à la préfecture.
Les animaux victimes de cette opacité
La difficulté de suivi des cirques se cumule à l’irrégularité de nombreux établissements qui ne comptent aucun capacitaire dans leurs équipes. En conséquence, les animaux sont détenus par des « soigneurs » ne connaissant pas forcément leurs besoins spécifiques et ces bêtes échappent dès lors à toute traçabilité.
C’est pourquoi Code animal demande instamment la mise en place d’une banque de données pour référencer tous les animaux sauvages détenus par les cirques, comme il en existe actuellement pour les chevaux ou les bovins par exemple.