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Grippe aviaire : les foyers se multiplient dans le Sud-Ouest

Dans un élevage en Dordogne. Depuis les premiers cas de grippe aviaire, fin novembre, 68 000 volailles ont été abattues

« On nous a dit de ne pas parler aux journalistes », répond, laconique, Valérie Lafenêtre, dont l’élevage de canards est situé à Doazit, dans les Landes. Sa ferme est située à proximité d’une exploitation où les services vétérinaires ont découvert un foyer de grippe aviaire. Les 4 000 palmipèdes qui s’y trouvaient ont été abattus. La réaction de Mme Lafenêtre n’est pas un cas isolé. Le mot d’ordre a été passé sur le terrain : il faut en dire le moins possible. Et pour les quelques personnes autorisées à parler, livrer des messages rassurants.

Depuis l’annonce, le 25 novembre, par le ministère de l’agriculture, de l’apparition d’un virus de grippe aviaire dans une basse-cour à Biras (Dordogne), une première en France depuis 2006, éleveurs et services vétérinaires sont mobilisés afin de limiter au mieux sa propagation sur le territoire. Le ministère a confirmé, jeudi 10 décembre, que douze foyers d’influenza hautement pathogènes pour les volailles avaient été détectés à ce jour. Après la Dordogne, les Landes et la Haute-Vienne, un quatrième département a été touché, le Gers, où un cas a été recensé. Les Landes comptabilisent trois foyers, la Dordogne, sept, et la Haute-Vienne, un.

Rassurer le consommateur

A chaque fois, les préfets imposent des mesures de confinement, de désinfection et de protection aux exploitations agricoles situées dans un périmètre de dix kilomètres autour des foyers infectés. De plus, une interdiction d’exporter les volailles vivantes et les œufs à couver en provenance des départements concernés a été décrétée. Quand aux animaux des élevages contaminés, ils sont abattus. Plus de 68 000 volailles ont déjà subi ce sort.

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En parallèle, tout est fait pour éviter une trop grande médiatisation des événements. Dès le départ, le ministère a tenu à marteler le même message : l’influenza aviaire n’est pas « transmissible à l’homme par la consommation de viande, d’œufs, de foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire ». Une précision destinée à rassurer les consommateurs avant les fêtes.

Le ministère de l’agriculture discute avec chaque pays afin de limiter les interdictions d’exportation

Dans les élevages concernés, des virus H5N1, H5N2 et H5N9 ont été mis en évidence. Les pouvoirs publics assurent qu’ils ne sont pas de souche asiatique, tout en attendant le résultat du séquençage mené par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. De quoi éloigner les craintes d’une éventuelle transmission à l’homme. Pour le moment, cette apparition de la grippe aviaire sur le territoire français semble plus un enjeu économique pour la filière qu’un problème de santé publique. Pour les professionnels, la médiatisation accroît ce risque. D’où la décision de parler le moins possible, de ne pas citer de noms d’entreprises ou de marques, par exemple.

Dès l’annonce du premier cas à Biras, huit pays ont fermé leurs portes à l’importation de produits avicoles français : la Chine, la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Mais seules la Chine et la Corée ont interdit officiellement les importations françaises, les autres fermetures sont liées aux conditions des certifications sanitaires d’exportations.

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Le ministère de l’agriculture discute avec chaque pays afin de limiter les interdictions d’exportation à certaines catégories de produits provenant des seules zones affectées.

Le foie gras et la restriction japonaise

La filière a évalué ce risque potentiel. L’exportation de viande de volaille fraîche vers les pays tiers, c’est-à-dire hors Union européenne, représente 353 millions d’euros. Quant à la vente aux pays tiers d’œufs à couver et de matériel génétique, elle pèse 120 millions d’euros. Enfin, la vente de foie gras hors des frontières s’élève à 107 millions d’euros, avec 4 934 tonnes.

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Pour le foie gras, ce sont les restrictions de l’accès au marché japonais, son premier marché à l’exportation, avec 600 tonnes, qui posent problème. Le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras a toutefois précisé qu’elles ne portent que sur les conserves produites après le 24 octobre, et pas sur les produits frais.

Pour la viande fraîche, le principal débouché est les pays du Proche-Orient, qui n’ont pas pour l’instant modifié leurs relations commerciales avec la France. Reste à connaître la réaction des clients français, nombreux à s’offrir des volailles pour Noël et le Nouvel An, période où se concentrent aussi les achats de foie gras.

Pour le moment, l’impact est limité au coût d’indemnisation des élevages touchés et à des mesures de contrôle et de prévention. Aux Etats-Unis, où la grippe aviaire est apparue il y a un an et a sévi jusqu’en juin, 211 exploitations ont été affectées et 48 millions de volailles ont dû être abattues. Le ministère de l’agriculture américain a chiffré le coût à 950 millions de dollars (867 millions d’euros). Les consommateurs ont, eux, subi une hausse du prix des œufs et de la dinde.

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