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Loup : sept éleveurs lozériens à l’amende en correctionnel à Mende

Loup : sept éleveurs lozériens à l’amende en correctionnel à Mende

Des membres de la Coordination rurale avaient saccagé les locaux d'une association naturaliste, furieux des propos pro-loup de leur président.

Ils ont perdu leur procès, mais ils ont gagné leur pari : transformer le tribunal correctionnel de Mende en tribune sur les ravages causés par le loup sur leurs élevages. Jeudi, six des sept agriculteurs lozériens, reconnus coupables du saccage des locaux de l'Alepe, une association naturaliste, ont écopé d'une peine d'un mois de prison avec sursis et 300 € d'amende. Ces membres du syndicat de la Coordination rurale ont été soutenus par 200 sympathisants réunis devant le palais mendois avant, pendant - l'avocat a dû intervenir pour stopper le bruit qui parasitait le procès - et après les débats. Quelques prises de bec avec les écolos ont éclaté, sans incident notable.

"Le loup c'est 72 attaques, 300 brebis tuées en 2015"

Cette action coup-de-poing a été menée le 9 novembre 2015 à Balsièges, près de Mende. La raison de leur courroux ? La prise de position écrite du président de l'Alepe évoquant la cohabitation possible du loup avec le monde agricole et, selon lui, les dégâts finalement à la marge commis sur les troupeaux par l'animal sauvage. Ce jour-là, ils étaient une vingtaine à venir exprimer leur colère dans les murs de l'association. Très vite, tout a dégénéré, et les prévenus ont reconnu à demi-mot que c'était le but.

"S'il y a eu violence à plusieurs, c'était pour faire exploser ce qui n'allait pas ce jour-là et pas un jour d'attaque de troupeau où ça se passerait très mal", justifie l'un d'eux. Alors, prétextant l'absence du président malgré l'ultimatum posé illico pour le rencontrer, ils s'en sont donnés à cœur joie. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il s'est passé qu'il y a des objets qui sont passés par la fenêtre et on a devisé de façon virile, avance Alain, 54 ans, le plus costaud, le meneur un brin fanfaron et la plus “grande gueule” assumée. C'est notre marque de fabrique qui dérange, les faits sont bruts de décoffrage mais les préjudices moraux nous les subissons aussi. Le loup, c'est 72 attaques en 2015, 300 brebis tuées, le double qu'en 2014".

Après avoir jeté dossiers et ordinateurs par la fenêtre, menacé d'en faire de même avec les bénévoles de l'association, ils s'en sont pris à ces derniers en leur lançant des carcasses putréfiées. Celles-là même qui avaient été attaquées dix jours plus tôt par un loup. Un des plaignants s'est retrouvé avec un cadavre sur la tête et des asticots plein les cheveux... "Je ne nie pas vos problèmes, ce n'est pas normal mais il y a des méthodes plus constructives" remarque, avec empathie, le président Dupin. "Ces agneaux on les a élevés, vous croyez que c'est agréable de ramasser des cadavres ? On en a marre !" peste Thierry, 40 ans.

"Traquez le loup, pas l'écologiste !"

Le procureur Me Jimenez, l'avocat des prévenus, le rappelle : "Les deux attaques de loup ont été les gouttes qui ont fait déborder un vase déjà rempli de désarroi, de sueur, de chocs psychologiques, de désespoir."Mais la méthode utilisée ne passe pas, mais alors pas du tout auprès de l'Alepe alors que des tracts dénonçant des “écoloterroristes” ont encore circulé, jeudi, chez les manifestants.

"Une mise à sac des locaux, c'est une méthode de voyous, tonne Me Nicolas. Ils sont venus pour faire peur, ils l'ont dit, ils l'ont montré, c'est détestable."Le procureur Berthomieu salue lui aussi le travail "excellent" de l'Alepe et stigmatise la volonté des prévenus "d'obtenir par la force que certains se taisent. Vous avez desservi votre cause, au lieu de traquer l'écologiste, traquez le loup !". Il ne requiert cependant que 500 € d'amende en guise de premier et dernier avertissement. Alain, lui, assure avoir compris le message et annonce : "Il faut donc passer par la voie judiciaire : à chaque attaque de loup, on déposera plainte."

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