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Quand des intérimaires non-qualifiés abattent les animaux

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A l’heure où les abattoirs n’hésitent pas à communiquer sur leur volonté de former au mieux leurs personnels et devant un manque constant de candidats, nous nous sommes prêtés à un exercice simple : éplucher sur une période récente les offres de recrutement proposées dans le secteur de l’abattage (intérim, CDD, CDI), toutes régions confondues.
A la lecture des prérequis demandés pour postuler à ces offres d’emplois, point besoin de pénétrer dans un abattoir pour deviner l’ampleur de l’horreur qui s’y déroule dans bien des cas : nous avons passé au crible trois offres de recrutement (et nous aurions pu multiplier les exemples) : l’une pour l’abattage des chevreaux en vue des fêtes de Pâques, l’autre pour l’abattage des canards et la dernière, pour réaliser la mise à mort selon le rituel halal de bovins. Le résultat est inquiétant!

L’essentiel des offres d’emplois est caractérisé par la ponctualité et la brièveté des missions. Le caractère souvent urgent de la recherche de personnel est aussi à souligner. On remarque que les recruteurs demandent souvent comme unique prérequis une première expérience dans « le secteur agroalimentaire », ce qui est très vaste…
Abattre un animal serait donc la même chose que conditionner des plats surgelés en barquette?
La palme d’or du recrutement dans les abattoirs revient sans grande surprise à la région Bretagne, et plus généralement à un large quart nord ouest du pays, là où se concentrent les plus grosses structures d’abattage.

Trois exemples d’offres d’emplois nécessitant d’abattre des animaux : chevreaux, canards et bovins

Exemple 1 : Agent de Production agroalimentaire dans la région de la Saône-et-Loire, offre diffusée par Randstad le 12/02/2016.

La principale mission sera d’abattre les chevreaux. Dans ce cas, l’agence de recrutement recherche des intérimaires pour une mission de 3 semaines pour le compte « d’une entreprise d’agro-alimentaire en vu de la saison de Pâques et de l’abattage des chevreaux ». Il s’agira de travailler « au sein de l’atelier d’abattage et travaillez le long de la chaîne d’abattage ».
Le détail du profil recherché :
Une première expérience dans le domaine de l’industrie serait bienvenue mais les débutant(e)s sont acceptés!
Être habile et rapide. Être disponible pendant la période qui précède Pâques. Dans les informations complémentaires, on peut lire qu’aucun diplôme ou certificat professionnel n’est exigé.

Exemple 2 : Agent de Production agroalimentaire dans la région nantaise, offre diffusée par CAPA Interim  le 28/01/2016

Parmi les missions, il s’agira d’abattre les canards.
Cette fois-ci l’offre d’emploi est un CDD  pour une « industrie agroalimentaire de l’agglomération Nantaise spécialisée dans la découpe de canard », l’établissement recherche  « un(e) agent de production agro-alimentaire ». Sous ce terme générique, la mission consiste à notamment à « l’abattage et l’accrochage des canards ».
Quand au profil recherché, il est uniquement mentionné ceci : « Vous avez une expérience réussie en industrie agroalimentaire. Vous êtes dynamique, volontaire et impliqué(e), vous êtes sensible et respectueux (se) des règles d’hygiène et de sécurité. Vous disposez impérativement d’un moyen de locomotion ».
Tristement, aucune exigence technique quant à la manipulation des animaux et des outils nécessaires pour la mise à mort n’est exigée.

Exemple 3 : Emploi de sacrificateur dans le Calvados, offre diffusée par Randstad Caen le 11/02/2016

Cette mission consiste à effectuer les abattages rituels sur des bovins pendant une durée de 3 mois.
Nous sommes consternés par cette offre d’emploi qui exige seulement ceci : « Idéalement, vous avez déjà effectué des sacrifices selon les rituels Halal et vous acceptez de travailler sur divers postes sur la chaîne d’abattage »!
Le profil recherché doit avoir « une expérience en industrie agroalimentaire », mais aucun certificat professionnel n’est demandé alors même, que cette personne va procéder à l’acte de mise à mort sans étourdissement. C’est un acte technique, où il faut être formé. Pourtant le site du Ministère de l’agriculture exige dans le cadre de l’abattage rituel que « les sacrificateurs soient titulaires d’un certificat de compétence Protection animale (CCPA) ».

Bilan?
Abattoirs: Des emplois dont personne ne veut et une escalade vers le recrutement de personnel non qualifié

Face à un manque constant de main-d’œuvre et de candidats, les industriels de l’abattage se tournent vers les agences d’intérim afin que ces dernières puissent leur fournir du personnel rapidement et pour des missions plutôt courtes, la question de la qualification étant trop souvent éludée.
Devant de tels agissements, nous sommes en droit de nous demander comment sont utilisés les différents guides de formation du personnel des abattoirs mis à disposition gracieusement par certaines associations (dont l’OABA) ou le Cente d’Information des Viandes (CIV)? Comment former des personnels qui vont accomplir une mission de 3 semaines? A t-on le temps? A t-on les moyens?
Les principales qualités requises pour répondre à ces offres d’emplois sont la rapidité, la cadence, la capacité à rester longtemps debout, à travailler dans le froid ou à respecter les normes d’hygiène.

Bref, on se demanderait presque si nous ne sommes pas dans une usine de conditionnement de fruits et légumes… Alors quelle place pour la prise en charge de la bien-traitance animale dans de tels processus? Aucune.
Dans ces trois cas, aucune sélection n’est opérée sur la capacité du personnel à gérer le stress et la douleur des animaux, les processus de mise à mort, la technicité des gestes, l’expérience.
Ce qui est le plus dramatique, c’est que ce problème n’ira probablement pas en s’améliorant car les tonnages d’abattage des géants de l’industrie de la viande sont en croissance continue, leurs besoins en recrutements suivant évidemment cette même courbe ascendante.

Certes, les abattoirs refusent d’ouvrir leurs portes, espérant ainsi cacher l’acte de mise à mort, l’odeur du sang, celle des  excréments générés par la panique et le stress des animaux. Cette volonté de cacher à tout prix un univers de violence, de terreur, a pour seul finalité de garder à vie le « consommateur ignorant » de ce qui se déroule chaque jour pour des milliers d’animaux.
Après avoir lu différentes offres d’emplois (et la liste aurait pu être longue), il est avéré que le principal tracas des abatteurs est la rentabilité, certains tentant tout de même de proposer des « formations » de base et de recruter des personnels à minima expérimenté.

La problématique de la prise en charge de la souffrance animale ne peut nullement être gérée par du personnel inexpérimenté et non certifié. C’est une nouvelle fois la preuve, si besoin en était, de l’horreur qui se joue chaque jour derrière les murs opaques de certains abattoirs français.
Il est urgent que les autorités étatiques concernées prennent sérieusement ce dossier en main afin qu’un vrai plan de formation au niveau national puisse voir le jour dans les abattoirs.
Même si ce n’est pas une généralité, il est inconcevable que des offres d’emplois comme celles que nous avons trouvées, puissent être diffusées en 2016 à l’heure où la prise en charge du bien-être animal devient un véritable enjeu éthique et moral pour notre société.

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