LE PLUS. Le maire de La Ciotat, Patrick Boré, a adopté en conseil municipal une délibération interdisant la présence sur sa commune de cirques avec des animaux sauvages. Cette décision a provoqué l'ire du monde du cirque. Pourquoi prendre de telles mesures ? Patrick Boré en est convaincu : les animaux sauvages n'ont rien à faire en cage.
Lors du conseil municipal du 9 mars, ma majorité a voté favorablement une délibération visant à ne plus accepter sur la commune de La Ciotat les cirques détenant des animaux sauvages.
Contrairement à ce que certains veulent faire croire, nous ne sommes opposés ni aux forains ni aux cirques qui respecteraient notre décision.
J’en veux pour preuve les deux fêtes foraines que La Ciotat continuera d’accueillir dans les meilleures conditions et le marché nocturne quotidien des mois de juillet et août.
Notre plaisir ne doit pas se faire sur le dos des animaux
Les conditions de dressage et de captivité des animaux sauvages dans les cirques ne sont plus acceptables.
Le faste et la beauté des spectacles proposés par ces animaux splendides, qui font écarquiller les yeux de nos tous petits, cachent malheureusement bien souvent en coulisses des formes répétées de maltraitances.
Notre plaisir ne doit pas se faire sur le dos de certains animaux assoiffés de grands espaces et dont l’ADN est incompatible avec toute forme d’autorité, surtout lorsque cette dernière se matérialise par la rudesse.
C’est à ce titre, et parce que la politique doit être avant tout guidée par les convictions, que j’ai décidé avec ma majorité de présenter cette délibération.
Vivre en cage, ce n'est pas une vie pour les animaux sauvages
Les cirques ne peuvent offrir aux animaux sauvages un espace et des conditions de détention et de transport adaptés à leurs aptitudes et à leurs mœurs. En effet, ils sont enfermés dans des cages exiguës, attachés, entravés, leurs conditions d’alimentation et d’abreuvement ne sont pas toujours souhaitables.
Ainsi, toutes ces conditions de détention leur occasionnent des pathologies avérées telles que des troubles cardiaques, de l’arthrite, des stéréotypies et autres troubles du comportement.
De plus, les méthodes de dressage et les numéros de cirque effectués par les animaux sont bien souvent en opposition totale avec leurs capacités ou leurs forces naturelles, provoquant ainsi des douleurs et des souffrances inutiles.
Et que l’on ne me parle pas de naissance en captivité. Naître en prison n’a jamais changé la nature des êtres.
Nous n'avons pas les moyens d’avoir à disposition les services d’un vétérinaire
Les municipalités, bien qu’étant garantes notamment de la moralité publique, ont, en pratique, les plus grandes difficultés à contrôler les autorisations réglementaires et administratives.
En effet, nous n’avons pas les moyens d’avoir à disposition les services d’un vétérinaire en mairie. Alors, afin d’éviter de porter plus encore atteinte aux valeurs de respect de la nature et de l’environnement, qui sont, je le rappelle, des valeurs constitutionnelles, nous avons décidé de refuser les cirques présentant des animaux sauvages.
Les décisions que nous prenons le sont démocratiquement
Le président du syndicat du cirque et des métiers forains et le patron des cirques Pinder dénoncent un projet d’arrêté "illégal".
Je rappellerais tout simplement à ces messieurs que la Constitution de 1958 prévoit que les communes s’administrent librement par des conseils élus, et que les décisions que nous prenons le sont démocratiquement après mûre réflexion et discussion et non sous la contrainte comme il le laisserait sous-entendre avec ces menaces de prise d’otages de toute une commune et de ses 35.000 habitants.
Qui plus est, contrairement à ces messieurs, je ne pratique ni l’invective ni l’injure. Je ne me permettrais jamais de traiter quelqu’un de "nazillon" comme il l’a fait à mon encontre.
Des notions qui s’ancrent dans la conscience collective
Je pense que l’opinion publique est en demande de ces prises de décision, que la cause animale, le respect de la nature et de l’environnement en général, sont enfin des notions qui s’ancrent dans la conscience collective.
Je crois que la véritable crainte du président de ce syndicat corporatiste n’est pas La Ciotat, mais le précédent ainsi créé.
Cette mesure est prise depuis le 9 mars, mais je signerai les arrêtés correspondant lorsque les demandes seront faites par les cirques.
Je le redis, nos amis les forains ainsi que les cirques ne présentant pas d’animaux sauvages seront toujours les bienvenus à La Ciotat.